Coupures de Santé Québec

On s’était fait dire qu’en radiologie on était à l’abris des coupures. Dans mon département, on a un énorme roulement. On voit plusieurs centaines de personnes par jour. On travaille étroitement avec les urgences. On rapporte beaucoup supposément et c’est pourquoi on nous a dit qu’on ne serait pas touchés.

Il y avait un affichage de poste présentement et ils viennent de l’annuler. Un de ces postes allait me revenir. Ce poste là, je remplace dessus depuis des années. Ma gestionnaire refuse de m’en dire plus pour l’instant, mais clairement on va aussi se faire couper. JE vais me faire couper.

Pendant la pandémie, on devait rouler à quelque chose comme 25% de notre roulement normal. Les dommages ont été immenses et tellement pas assez documentés. La radiologie, on en parle peu, on travaille dans l’ombre.

Sans imagerie, ce sont des chirurgies retardées, des cas pris en charge moins rapidement à l’urgence (donc augmente le temps d’attente), des cancers diagnostiqués à des stades plus avancés, des suivis retardés, des biopsies faites plus tardivement, des infiltrations qui permettent à tellement de gens de rester fonctionnels qui seront retardées ou carrément annulées… tout ça, ça va coûter plus cher au système au final. Parce que les gens ne vont pas être moins malades, au contraire.

Pendant qu’ils coupent dans les premières lignes, y’a des gens payés à des salaires plus élevés dans les bureaux pour, entre autres, surveiller si on lave bien nos mains et si on ne fait pas trop de rejet d’images. C’est plus important de surveiller nos stats que de donner des services à la population. De permettre à nos patients d’avoir un diagnostic et ultimement une prise en charge rapide et adéquate.

Ce sera pas documenté nulle part, mais y’a des gens qui vont payer de leur vie le prix de ces coupures. Pas directement, pas demain matin. Mais ce sera inévitable.

Santé Québec va avoir du sang sur les mains.

Je rage.